« Comment faire progresser la médecine pour mieux soigner, tout en protégeant les personnes qui se prêtent aux expérimentations ? » D’entrée de jeu, François Lemaire expose l’enjeu. Dans le documentaire de 53 minutes intitulé Au nom de la science, la recherche sur l’homme, ce professeur de médecine émérite explore les origines des interrogations éthiques dans le domaine de la recherche. De l’Allemagne nazie aux États-Unis des années 1930, en passant par la France des années 1980 et de la lutte contre le virus du sida.
Constat implacable : un scandale a systématiquement été nécessaire pour éveiller les consciences et faire naître une législation. Ce fut le cas de l’horreur des expériences sur les déportés dans les camps, des études racistes de Tuskegee aux États-Unis, qui testaient la résistance des personnes noires au typhus en leur injectant la maladie, ou de l’affaire Alain Milhaud en France, ancien directeur du CHU d’Amiens qui réalisait des expériences sur des patients dans le coma ou en état de mort cérébral.
À chaque scandale sa loi
En usant d’images d’archives saisissantes, le film nous plonge dans ces différents scandales qui ont marqué l’histoire de la médecine et, à l’aide d’experts ou de témoignages, revient sur les interrogations qu’ils ont suscitées à l’époque et qui ont conduit à légiférer. Le récit met également en lumière, avec une certaine tendresse, le regard d’illustres médecins sur les pratiques dont ils usaient, peu questionnées en leur temps.
Une manière d’inciter à prendre du recul et à considérer la médecine comme une histoire de relations humaines. D’autant que le documentaire laisse pour finir quelques questions à notre réflexion, comme celle des cobayes professionnels aux États-Unis, en grande majorité des personnes « racisées » ou issues de l’immigration, en situation de précarité.