Sa chevauchée sur la Seine avait ébloui les centaines de millions de téléspectateurs du monde entier le 26 juillet 2024, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Cet été, un autre million de curieux pourra contempler Zeus, le cheval mécanique, sur la terrasse de l’Ouest de l’abbaye du Mont Saint-Michel, où il sera exposé du 10 juillet au 7 septembre.
Zeus, en qui Thomas Jolly, le directeur artistique des cérémonies olympiques et paralympiques, voyait « l’incarnation de Sequana, déesse du fleuve et symbole de résistance », est aujourd’hui l’objet d’interprétations diverses. Objet d’art et de technique, pièce maîtresse de l’atelier nantais Blam, la monture argentée est également la propriété du groupe pharmaceutique Sanofi.
Une sculpture cinématique
À l’origine du destrier, un atelier nantais spécialisé dans la conception d’objets et d’installations in situ, à la croisée de l’architecture, de l’ingénierie et du design : Blam. Créé en 2015 et dirigé par Aurélien Meyer, c’est le même atelier qui a été sollicité pour la conception de la vasque olympique.
Pour réaliser cette sculpture cinématique, les ingénieurs de Blam se sont inspirés des travaux du photographe britannique Eadweard Muybridge. Ce précurseur du cinéma est connu pour ses clichés décomposant le mouvement du cheval.
Un an de recherche et de développement a été nécessaire à l’atelier pour dessiner puis usiner la fine mécanique qui reproduit le galop. Le cheval, composé de pièces d’aluminium et d’inox, et souligné de feuilles d’argent, a en effet exploré différentes techniques : impression 3D pour la tête, dinanderie et martelage pour les courbes du corps, et usinage de précision pour les membres articulés.
Ce n’est pourtant pas ce galop qui a permis à Zeus de fendre les eaux, mais un système de flottaison créé spécifiquement pour les besoins de la cérémonie d’ouverture par des architectes navals de Quiberon, de la société bretonne MM Process. Le trimaran, long de 14 m sur 5 m de large, a été testé préalablement dans la mer par sa cavalière, Morgane Suquart, une ingénieure de MM Process.
Sanofi, partenaire premium
Comme la vasque dont est copropriétaire EDF, le cheval Zeus appartient à une entreprise, le groupe pharmaceutique Sanofi, « partenaire premium » de Paris 2024. L’entreprise a participé financièrement à sa conception, avant d’en faire l’acquisition. « Sanofi partage pleinement les valeurs de résilience, de paix, de solidarité et d’unité que le cheval métallique symbolise », vante la société dans un communiqué.
Après l’avoir présenté à l’hôtel de ville de Paris puis dans la cour royale du château de Versailles à l’automne, Sanofi a annoncé, en février 2025, une grande tournée pour Zeus. Parti de Paris, le cheval argenté s’est rendu à Montpellier, Lyon, Milan, Marseille, Bordeaux, Rouen et Strasbourg.
La tournée dépasse l’héritage des Jeux. Conçue comme « une célébration de l’esprit scientifique », cette cavalcade est accompagnée sur certaines destinations d’un camion-exposition, le « Lab de la science », pour « inviter le public à découvrir le processus de création des médicaments et vaccins de demain (…) depuis sa conception en laboratoire jusqu’à son arrivée entre les mains des patients ».
Le cheval mécanique a ainsi fait étape non loin des sites du géant pharmaceutique, à commencer par Lyon, où Sanofi est le premier employeur privé de la métropole, ou encore à Rouen, où il fabrique ses médicaments et vaccins sur son site du Trait. Pour l’été, Zeus prend ses quartiers avec vue sur mer, en haut du Mont-Saint-Michel. L’ascension du destrier promet déjà d’être spectaculaire : comme la statue d’archange en 2016, Zeus sera héliporté jusqu’à sa terrasse, très tôt mercredi 9 juillet.