Selon un rapport publié mardi 13 mai, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDI) a atteint un niveau record de 83,4 millions en 2024. Les conflits en cours au Soudan, à Gaza, en Ukraine et la multiplication des catastrophes naturelles ont fait bondir ce chiffre de 50 % au cours des six dernières années, précisent l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
11,6 millions de déplacés au Soudan
Ce total de 83,4 millions – l’équivalent de la population de l’Allemagne – est à comparer aux 75,9 millions de déplacés internes que comptait le monde à la fin 2023. « Le déplacement interne est l’endroit où se croisent conflit, pauvreté et crise climatique, et qui frappe les plus vulnérables de plein fouet », a déclaré Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC, dans un communiqué.
Près de 90 % des déplacements forcés (soit 73,5 millions de personnes, en hausse de 80 % depuis 2018) restent dus aux violences et aux conflits. Fin 2024, 10 pays comptaient chacun plus de trois millions de déplacés internes dus aux violences. Avec 11,6 millions de déplacés, le Soudan compte le plus grand nombre de ces personnes jamais enregistré dans un seul pays. Presque toute la population de la bande de Gaza était également déplacée à cette même date.
Des ouragans dévastateurs aux États-Unis
Confrontés à plusieurs ouragans majeurs comme Helene et Milton, qui ont entraîné des évacuations massives, les États-Unis ont comptabilisé à eux seuls 11 millions de déplacements liés à des catastrophes naturelles – près d’un quart du total mondial. Les phénomènes météorologiques, souvent aggravés par le changement climatique, ont provoqué 99,5 % des déplacements dus à des catastrophes l’an dernier. Souvent, les causes et les effets du déplacement « sont liés, rendant les crises plus complexes et prolongeant la détresse des personnes déplacées », détaille le rapport.
De nombreuses coupes budgétaires touchent les déplacés, qui reçoivent généralement moins d’attention que les réfugiés. « Les chiffres de cette année doivent être un signal d’alarme pour la solidarité mondiale », a insisté Jan Egeland, le directeur du NRC dans le communiqué. « À chaque fois qu’un financement est coupé, un déplacé n’a plus accès à la nourriture, aux médicaments, à la sécurité et perd espoir », a-t-il averti.