Animateur et producteur vedette de la télévision, réputé pour ses interviews incisives et provocatrices, Thierry Ardisson, est décédé le 14 juillet, à 76 ans à Paris des suites d’un cancer du foie, a annoncé son épouse, la journaliste de LCI, Audrey Crespo-Mara.
Né en 1949 dans la Creuse, il commence sa carrière dans la publicité et cofonde l’agence Business, avec un don pour trouver des slogans qui ont fait mouche comme « Lapeyre, y en a pas deux ». En 1985, il lance sur TF1 l’émission « Descente de police », dans laquelle il mitraille de questions directes et brutales les personnalités invitées. Celle-ci est arrêtée après quelques mois sur requête de la Haute Autorité de l’audiovisuel. Suivent en 1987 « Bains de minuit » sur la Cinq, présentée en direct de la discothèque Les Bains-douches à Paris, puis un an plus tard « Lunettes noires pour nuits blanches » sur Antenne 2, depuis une autre boîte de nuit, le Palace où le Tout-Paris politique et culturel se presse à son micro. Thierry Ardisson impose alors au petit écran sa silhouette d’« homme en noir » cultivé et d’intervieweur musclé, parfois jusqu’à la vulgarité.
Il lance le premier magazine culturel quotidien à la télévision
En 1997, après l’échec de plusieurs programmes, il retrouve le succès en lançant sur Paris Première « Rive droite, rive gauche » le premier magazine culturel quotidien à la télévision, qu’il coanime avec Frédéric Beigbeder, Élisabeth Quint, Philippe Tesson. Un an plus tard, il est invité par France 2 à animer « Tout le monde en parle » le samedi en deuxième partie de soirée. Aux côtés de son complice Laurent Baffie, autre expert en provocations assumées, il y règne jusqu’en 2006, date à laquelle France Télévisions, imposant un principe d’exclusivité à ses animateurs, Thierry Ardisson préfère quitter cette chaîne. Il veut garder en effet « 93 faubourg Saint-Honoré », le dîner de personnalités qu’il anime alors à son domicile sur Paris Première.
Il rejoint aussitôt Canal+ où son émission « Salut les Terriens ! » le samedi soir en clair attire 750 000 téléspectateurs dès la première année. Il la présentera ensuite sur C8 jusqu’en 2019, où l’émission est déprogrammée tardivement par Vincent Bolloré, que l’animateur attaque en justice. Il obtiendra un dédommagement de 5 millions d’euros de la part de C8.
En 2020, c’est la consécration pour Thierry Ardisson avec « Arditube », une chaîne YouTube lancée par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et consacrée à l’impressionnant patrimoine télévisuel – 35 émissions – d’un animateur aux convictions ouvertement catholiques et royalistes, peu connu pour sa modestie, mais aussi bosseur acharné. L’homme de télé fut aussi patron de presse, a fait de la radio, produit des séries et des films, et écrit plusieurs livres dont L’Homme en noir, paru en mai chez Plon. Marié à trois reprises, ce père de trois enfants avait été décoré de la Légion d’honneur en 2024 par Emmanuel Macron.