Éditorial

Dix jours sans écrans, le défi des parents

Paul de Coustin, rédacteur en chef adjoint
Paul de Coustin, rédacteur en chef adjoint Franck Ferville pour La Croix
Près de 120 000 élèves français, de la crèche au lycée, vont être privés d’écrans pendant dix jours. L’initiative, louable, ne doit pas faire oublier que ce sont surtout les parents qu’il faut sensibiliser aux dangers des écrans et qu’il faut aider pour réguler leur usage, à la maison et en dehors.

Près de 120 000 enfants et adolescents, de la crèche au lycée, participent depuis mardi au défi « 10 jours sans écrans ». Soutenu par le ministère de l’éducation nationale, l’exercice de privation, lors duquel les smartphones, tablettes et consoles de jeux vidéo sont remplacés par « des activités de découverte et de rencontre », vise à sensibiliser les enfants et leurs familles à l’usage raisonné des écrans.

Plus que les enfants, dont il faut évidemment encadrer et surveiller les pratiques numériques, ce sont souvent les parents qui ont besoin d’être éduqués. Ils le disent eux-mêmes : une enquête récente montre que 53 % des parents déclarent ne pas se sentir bien accompagnés dans la régulation de l’activité numérique de leurs enfants.

Car limiter le temps d’écran n’est pas suffisant. Il faut aussi s’intéresser à ce qui attire leurs regards de manière hypnotique, pour poser des limites et ne pas les laisser seuls face à des contenus parfois inadaptés à leur âge ou leur sensibilité. Et pouvoir les guider vers des espaces numériques appropriés. Il est aussi utile de comprendre que le modèle économique des réseaux sociaux en général, et de TikTok en particulier, repose sur le temps d’attention qu’on leur consacre. Et qu’ils font tout pour le faire augmenter.

Les parents doivent aussi interroger leurs propres pratiques. Il ne s’agit pas de mettre en cause ceux qui, pour s’accorder un moment de répit, pour faire plaisir aux concernés, autorisent un temps de jeu sur tablette ou un dessin animé à la télé. Mais bien ceux qui, sous le nez de leurs enfants, se précipitent sur la dernière notification reçue ou qui restent les yeux rivés sur un mail professionnel qui pourrait pourtant bien attendre. Des comportements que l’auteur de ces lignes reconnaît volontiers être le premier à devoir gommer…