Syrie : un attentat dans une église fait au moins 22 morts

Des dégâts dans l’église Saint-Élie de Damas, en Syrie, après un attentat-suicide dimanche 22 juin 2025.
Des dégâts dans l’église Saint-Élie de Damas, en Syrie, après un attentat-suicide dimanche 22 juin 2025. LOUAI BESHARA / AFP
Un attentat-suicide dans l’église Saint-Élie, à Damas, a fait au moins 22 morts et des dizaines de blessés, dimanche 22 juin, selon les autorités syriennes, qui ont accusé un membre du groupe Daesh d’en être l’auteur. Une attaque condamnée par les Nations unies et de nombreux pays, de la France aux États-Unis.

Un attentat-suicide a fait au moins 22 morts dimanche 22 juin dans une église chrétienne de Damas, selon un bilan actualisé des autorités syriennes, qui ont accusé un membre du groupe djihadiste Daesh d’en être l’auteur.

Les Nations unies comme nombre de pays, des États-Unis à la France, ont condamné cette attaque, la première de ce type dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes radicaux ont renversé l’ex-président Bachar Al Assad le 8 décembre 2024.

La sécurité reste l’un des plus grands défis pour les nouvelles autorités syriennes, que la communauté internationale a appelées à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition. Le ministère de l’intérieur a affirmé qu’un « assaillant suicide affilié au groupe terroriste Daesh est entré dans l’église Saint-Élie, dans le quartier de Dwelaa à Damas, a ouvert le feu et s’est fait exploser avec une ceinture explosive ».

Des correspondants de l’AFP ont vu les secouristes évacuer des fidèles couverts de sang de l’église, où des débris de bois et des icônes étaient éparpillés au sol. Selon un nouveau bilan du ministère de la santé, cité par l’agence de presse Sana, l’attentat a fait 22 morts et 63 blessés.

Un témoin, Lawrence Maamari, a déclaré que « quelqu’un est entré dans l’église avec une arme » et a commencé à tirer. Puis des fidèles « ont essayé de l’arrêter avant qu’il ne se fasse exploser ».

Condamnations internationales de l’attaque

L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a exprimé « son indignation » et appelé les autorités à mener une enquête approfondie. La France a condamné un « attentat terroriste abject » et rappelé « son engagement en faveur d’une transition en Syrie qui permette aux Syriens et aux Syriennes, quelle que soit leur confession, de vivre en paix et en sécurité dans une Syrie libre, unie, plurielle, prospère, stable et souveraine ».

L’émissaire américain pour la Syrie, Thomas Barrack, a dénoncé « un acte de lâcheté » qui n’a pas sa place « dans la nouvelle société de tolérance et d’inclusion que les Syriens sont en train de tisser ». La diplomatie turque, proche des nouvelles autorités syriennes, a dénoncé une « attaque perfide » visant à « semer le chaos ».

Pour le ministère syrien des affaires étrangères, « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays ». Mais le patriarcat orthodoxe de Damas a exhorté les nouvelles autorités islamistes à « assumer l’entière responsabilité » de l’attentat, les pressant d’assurer « l’inviolabilité des églises et la protection de tous les ressortissants » du pays.

Pour le ministre de l’intérieur, Anas Khattab, « ces actes terroristes n’arrêteront pas les efforts de l’État syrien pour parvenir à la paix civile ». Il avait déclaré récemment que le groupe Daesh avait opté pour « des attaques précises contre des cibles stratégiques » et annoncé que des tentatives d’attentat du groupe djihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et musulmane chiite avaient été déjouées.

En mai, Daesh avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes. Ces dernières avaient alors dit avoir arrêté des membres d’une cellule de Daesh près de Damas, accusés de préparer des attaques, tandis qu’une autre opération à Alep, dans le Nord, s’était soldée par la mort d’un agent de sécurité et de trois membres de l’organisation djihadiste.

Le groupe Daesh avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d’un « califat » transfrontalier en 2014. Les forces kurdes syriennes soutenues par les États-Unis l’ont vaincu en 2019, mais les djihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.