Le revenu des livreurs indépendants (Uber Eats, Deliveroo, Stuart) a considérablement diminué ces quatre dernières années, selon des statistiques de l’autorité de régulation du secteur (Arpe), rendues publiques vendredi 4 avril et s’appuyant sur les chiffres des plateformes.
Chez Uber Eats, le taux horaire brut a chuté de 25,9 %. Il a plongé de 17,3 % chez Stuart et de 12,9 % chez Deliveroo. C’est un aveu d’échec, a dit le syndicat Union-Indépendants, de l’accord signé en 2023 prévoyant que les plateformes versent aux livreurs un revenu minimal horaire de 11,75 € brut.
En tenant compte de l’inflation, l’Arpe constate même une baisse de 34,2 % chez Uber Eats, de 26,6 % chez Stuart et de 22,7 % chez Deliveroo, hors temps d’attente entre deux courses.
« Cette analyse souligne l’impact majeur de l’inflation cumulée sur le revenu réel des livreurs et met en lumière une tendance similaire pour [les] trois plateformes », déchiffre l’Arpe.
Temps d’attente rallongé
L’Arpe s’est également penchée sur les temps d’attente entre deux courses, qui se sont allongés de 16,9 % chez Deliveroo et de 35,3 % chez Uber Eats entre 2021 et 2024. « Il convient toutefois de signaler que ces indicateurs ne prennent pas en compte le recours simultané à plusieurs plateformes par un même travailleur », tempère l’Arpe. Un recours qui « peut réduire les temps d’attente effectifs », le livreur travaillant pour une autre plateforme pendant ce temps-là.
« Nous entendons leurs demandes de rééquilibrer les revenus », a réagi Uber Eats, se disant « favorable à la mise en place d’un revenu minimal par course et d’une garantie horokilométrique ». Uber Eats évalue à 20,50 € le revenu horaire brut moyen en 2024 de ses livreurs partenaires.
Deliveroo préfère évoquer le revenu moyen par prestation qui, entre 2021 et 2024, « a toujours été supérieur à 5,50 €, atteignant 5,70 € par prestation sur 2024, classant Deliveroo parmi les plateformes les mieux-disantes du secteur en matière de rémunération », a déclaré l’entreprise. « Ceci est aussi vrai s’agissant du chiffre de revenu horaire brut en course présenté dans ce rapport de 26,31 € par heure », a-t-elle tenu à préciser.
Cette étude « vise à documenter les conditions d’exercice de l’activité de livraison de marchandises à deux ou trois roues, et à fournir, tant aux acteurs du dialogue social organisé par l’Arpe qu’au grand public, des éléments d’analyse fiables et comparables », a commenté l’autorité de régulation.