Le récit de la conversion de Paul est étonnant. Il résonne de manière particulière avec l’Évangile de saint Jean qui, de manière continuelle, établit la relation entre « voir » et « croire », suggérant qu’il y a une manière intérieure de regarder, un « voir » qui va au-delà de ce que les yeux perçoivent… Paul, lui, passe par la cécité pour venir à la lumière. Sans doute doit-il comprendre que ce qu’il croit « voir » – dans ses convictions pharisiennes – n’est qu’un aspect de la réalité, qui l’empêche de voir la véritable lumière. Son initiation passe par là, faisant écho à ces discours de Jésus que les disciples ne comprennent pas toujours et qu’ils doivent parfois recevoir comme des sourds ou des aveugles.
De fait, en superposant deux aspects de la réalité (sa chair – la vraie nourriture, son sang – la vraie boisson), Jésus invite ses auditeurs à contempler de simples réalités matérielles avec les yeux de la foi : elles revêtent alors une autre signification et ce qui nourrit vraiment les disciples, ce ne sont pas les « espèces » du pain et du vin, mais leur réalité spirituelle, le corps et le sang du Christ. Surgit alors pour nous cette question : de quoi nous nourrissons-nous ? Croyons-nous que la vraie vie n’est pas toujours visible à l’œil nu ? Acceptons-nous de mettre dans la nuit nos prétendues connaissances pour entrer dans une manière de voir nouvelle ?
Autres lectures : Ac 9, 1-20 ; Ps 116 (117)