Biodiversité : comment le zoo de Prague a réussi à faire naître de rarissimes canards

Le zoo de Prague a annoncé ce mercredi 16 avril 2025 que de rarissimes canards, les harles huppard (ou harle du Brésil), étaient nés dans l’enceinte du parc fin janvier.
Le zoo de Prague a annoncé ce mercredi 16 avril 2025 que de rarissimes canards, les harles huppard (ou harle du Brésil), étaient nés dans l’enceinte du parc fin janvier. Miroslav Bobek / Zoo de Prague
Le zoo de Prague a annoncé mercredi 16 avril que des canards harles huppard (ou harles du Brésil), étaient nés dans l’enceinte du parc. Considérée comme éteinte au milieu du XXe siècle avant la découverte d’une petite population survivante, cette espèce ne compte plus que 250 individus à l’état sauvage.

Cinq petites boules de plumes, et un espoir pour une espèce en danger critique d’extinction. Le zoo de Prague a annoncé ce mercredi 16 avril que de rarissimes canards, les harles huppards (ou harles du Brésil), étaient nés dans l’enceinte du parc fin janvier. « Nous les présenterons au public lors d’un événement spécial ce vendredi 18 avril », explique à La Croix Antonin Vaidl, conservateur des oiseaux du zoo tchèque.

Au milieu du XXe siècle, cette espèce était même considérée comme éteinte, avant la découverte d’une petite population survivante. « Aujourd’hui, il ne reste plus qu’environ 250 individus à l’état sauvage au Brésil et en Argentine », détaille l’ornithologue. « Le harle huppard est le seul harle (famille réunissant les canards piscivores, NDLR) vivant dans l’hémisphère sud », et le plus menacé de tous, classé sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature depuis 1994.

Une espèce « très territoriale »

Longue crête, bec noir, pattes rouges… Le harle du Brésil est un animal « très territorial, qui défend jusqu’à 70 km2 de terres », et qui vit au bord des rivières, explique l’ornithologue. « Espèce résidente », ce véritable champion d’apnée ne se déplace pas, y compris lorsque son habitat est menacé. L’action humaine, comme la construction de barrages, le tourisme ou la pollution, est par conséquent la principale cause de son déclin, perturbant la ressource la plus importante de son habitat : l’eau.

Dans un contexte mondial marqué par un déclin alarmant de la biodiversité, où la disparition d’une seule espèce peut bouleverser tout un écosystème, le compte à rebours est donc lancé pour sauver ce canard. Au Brésil, des organisations à but non lucratif, comme Natureza do Futuro, commencent en 2016 à se mobiliser pour préserver l’espèce.

Le Zooparque Itatiba, le seul parc animalier du pays où ces animaux monogames se reproduisent, décide alors d’envoyer la toute première et la seule installation d’élevage de harles huppards en dehors du Brésil au Zoo de Prague. Un choix qui s’explique « grâce à un lien de proximité développé entre les deux structures », détaille Antonin Vaidl.

« Préserver un échantillon de l’espèce »

Cinq couples de canards brésiliens traversent donc l’Atlantique et arrivent sous le ciel tchèque à l’automne 2023. « Ils se sont bien adaptés à leur nouvel habitat ! » se réjouit le scientifique, qui ne cache pas les défis qu’a rencontrés le zoo pour les accueillir. « Ils ne peuvent pas vivre en groupe, donc chaque couple a sa propre volière », explique-t-il. « L’essentiel, et le plus difficile, était de leur fournir tous les poissons dont ces gros mangeurs avaient besoin, et de créer artificiellement des cours d’eau claire au débit rapide. » Concernant le climat, pas d’inquiétude : les harles du Brésil sont habitués aux nuits fraîches des montagnes de leur pays d’origine, « où la température peut descendre jusqu’à – 2 °C ».

Pour chaque couple, une boîte spéciale avec un nid à l’intérieur est mise à disposition, en espérant que cela les incite à se reproduire. « Et cela a marché : un des couples a commencé à visiter le nid, puis la femelle y a finalement pondu plus tard dans l’année », raconte l’ornithologue.

Les premiers canetons éclosent le 29 janvier, mais, étant fragiles, l’annonce de leur naissance n’est faite que lorsqu’ils sont déclarés hors de danger. « Ils sont ainsi les seuls de leurs espèces à être nés hors d’Amérique du Sud, et nous avons bon espoir d’en voir d’autres l’année prochaine ! »

L’objectif du zoo de Prague ? « Préserver coûte que coûte un échantillon de cette espèce, notamment si elle venait à disparaître à l’état sauvage », martèle Antonin Vaidl. Si de nouvelles naissances venaient à se produire, il souhaiterait impliquer d’autres parcs animaliers européens dans le but d’accroître ce programme de conservation. Tout en gardant en tête, sur le long terme, l’ambition d’une réintroduction de ces oiseaux dans leur milieu naturel.